HISTOIRE ET TERROIR

OLÉRON EN hÉritage
Si on s’en tient à une simple définition, le vin ne serait que le résultat de la fermentation alcoolique de raisins frais. Et si c’était un peu plus que ça ? De tous temps et partout dans le monde, le vin a toujours été étroitement lié à l’histoire de son lieu de production et ses grands moments de partage. L’île d’Oléron en est un bon exemple. L’empereur Probus, Aliénor d’Aquitaine, Jean Sans Terre, courageux moines défricheurs, navigateurs du monde entier, pépiniéristes, vignerons, puis résidents et visiteurs ont toujours largement contribué à cette culture qui souffle plus de mille bougies d’histoire.
L’origine du vignoble oléronais est floue, mais il semble qu’elle remonte au IIIe siècle de notre ère lorsque l’empereur Probus étend à tous les gaulois le droit d’avoir des vignes et de faire du vin.
Dans les pays charentais, à partir de 850, la vigne figure sur de nombreux documents, mais il faudra attendre le XIe siècle pour trouver des traces du vignoble dans l’île. Le mariage d’Aliénor d’Aquitaine à Henri Plantagenet va révéler l’économie oléronaise et donc la culture du vin : un grand commerce se crée avec l’Europe du Nord.
Logiquement, le vignoble va se développer au rythme du territoire. Le vin et le sel ne font plus qu’un pour faire concurrence aux anciens et prestigieux vignobles français.
Au XIIIe siècle, les oléronais continuent leur progression : leurs vins sont présents sur toutes les côtes européennes. Les vins d’Oléron sont régulièrement importés par le roi d’Angleterre lui-même !
Ainsi pendant plusieurs siècles, le vin d’Oléron appartient aux quelques familles nobles qui dominent l’île. Pendant ce temps, le paysan oléronais sera à la fois journalier dans les vignes et métayer sur les marais.
Le saviez-vous ? Apparue dès le IIIe siècle, la viticulture est la plus ancienne culture traditionnelle de l’île, bien avant la saliculture ou l’ostréiculture !



EN ROUTE VERS LA DISTILLATION
Du côté des eaux-de-vie, on peut assurer que les premières distillations remontent au début du XVe siècle, même s’il faut attendre de longues années pour mettre au point l’alambic tel que nous le connaissons aujourd’hui. Cependant, les preuves écrites de premières distillations datent de 1708 par le Seigneur de Bonnemie. À la veille de la révolution française, la viticulture oléronaise se porte à merveille et le vignoble s’étend sur 4260 hectares (3660 au nord et 600 au sud).
Mais très vite, les conflits naissants avec les flottes anglaises, l’absence de voies de communication à l’intérieur de l’île vont rendre le commerce et les expéditions de plus en plus difficiles. Les producteurs de l’île sont de plus en plus lésés par rapport aux continentaux : ils sont obligés de largement baisser leurs prix pour s’aligner sur ceux du continent.
Les tonneaux de vins et d’eaux-de-vie sont expédiés par les ports de Saint-Denis, du Douhet, du Château, de la Saurine et surtout par le chenal de la Perrotine qui représente le principal point d’expédition de l’île.
OLÉRON AUX CHEVETS DE SES VIGNES
Moins d’une centaine d’années après la Révolution Française, le phylloxera touche le vignoble européen et Oléron ne sera pas épargné. C’est en 1872 qu’il apparait sur le vignoble de Cognac. Malgré des protections draconiennes sur l’île (interdiction d’importation de végétaux, de sarments de vigne et de terre), le phylloxéra est tout de même signalé à Dolus en 1879. En moins de 3 ans, toutes les communes viticoles de l’île seront contaminées. Les dégâts sont importants dans les Charentes. L’île résiste : les vignes plantées dans les terrains sablonneux et celles qui sont inondées une partie de l’année sont épargnées.
À la fin du XIXe siècle, à peine un quart des vignes restent en exploitation et le fatalisme gagne les vignerons. Une avancée spectaculaire est cependant prête à naître en Europe : l’utilisation d’espèces américaines afin de les greffer à nos chers cépages français si fragilisés par le phylloxéra ! Pour accélérer le processus, le ministère de l’agriculture finance la création de pépinières un peu partout en France. Sur Oléron, deux pépinières seront créées dans la forêt de Saint-Trojan-les-Bains.

Une terre de lumière et de nuances
Malgré différents coups durs (le phylloxera, les crises du Cognac, l’urbanisation…), les vignerons d’Oléron n’ont pas pour autant abandonné. Mieux : ils se sont adaptés et se sont diversifiés.
Aujourd’hui, le vignoble oléronais s’épanouit sur près de 900 hectares, entre brise marine et soleil généreux.
Les sols varient d’un bout à l’autre de l’île : parfois calcaires, parfois argileux ou sableux, ils offrent à la vigne une belle palette d’expressions.
Le climat, doux et lumineux, évite les grands écarts de température, laissant aux raisins le temps de mûrir tout en finesse. Résultat : des produits au caractère fruité et parfumé.